MyAstus

joined 1 year ago
MODERATOR OF
[–] MyAstus@jlai.lu 2 points 5 days ago

Oui mais au moins pendant deux semaines on a pu suivre tous nos athlètes favoris a la télé. C'était sympa

[–] MyAstus@jlai.lu 5 points 1 week ago (1 children)

Ce que contient la proposition de loi macroniste pour criminaliser toute critique d'Israël et signée par François Hollande

Cyprien Caddeo

Sous couvert de lutter contre les « nouvelles formes d'antisémitisme », la députée Caroline Yadan a annoncé déposer un texte qui cible les expressions de solidarité à la Palestine et la critique de la politique de Tel-Aviv.

C'était une de ses promesses de campagne, dans la 8e circonscription des Français de l'étranger qui inclut surtout Israël. La députée Renaissance Caroline Yadan est malheureusement passée aux actes, ce week-end, en déposant une proposition de loi visant « à lutter contre les nouvelles formes d'antisémitisme ». Au prétexte de ce combat tout à fait légitime dans un contexte de hausse des actes contre les juifs depuis les attentats du 7 octobre 2023, le texte organise en réalité la confusion entre antisémitisme et antisionisme, haine des juifs et critique d'Israël en tant que régime.

Dans un entretien accordé au Point, Caroline Yadan ne cache pas les arrière-pensées politiques de ce texte. Celui-ci relève « trois axes essentiels de cette nouvelle forme d'antisémitisme : l'apologie du terrorisme, la négation de l'État d'Israël et la comparaison avec la Shoah ».

Et l'ancienne militante de la Licra de détailler : « Je voulais que soient punissables toutes les références à des expressions telles que "From the river to the sea" avec des cartes où Israël a disparu ; que Rima Hassan (l'eurodéputée insoumise - NDLR) ne puisse plus impunément estimer que le Hamas est un mouvement de résistance (ce qu'elle n'a jamais dit - NDLR) ou que l'on ne puisse plus poster sur ses réseaux sociaux un drapeau nazi accompagné d'une étoile de David. »

Des députés socialistes signataires dont François Hollande

Si le texte venait à passer, la blague de l'humoriste Guillaume Meurice comparant Benyamin Netanyahou à un « nazi sans prépuce » l'exposerait par exemple à une condamnation pénale pour antisémitisme. Caroline Yadan voit là une simple prolongation de la loi Gayssot de 1990, qui sanctionne le négationnisme : « La contestation de la Shoah est punissable, même si elle est présentée sous forme déguisée, dubitative, par voie d'insinuation ou de comparaison, d'analogie ou de rapprochement. De ce fait, la comparaison de l'État d'Israël au régime nazi serait sanctionnée comme une banalisation outrancière de la Shoah. »

Ceux qui compareraient les crimes de guerre de Tel-Aviv à ceux du Troisième Reich - argument dont on peut tout à fait douter de la pertinence - seraient jetés dans le même panier que les négationnistes comme Robert Faurisson, qui nient l'existence des chambres à gaz.

Jamais une loi n'avait limité de manière si explicite l'impossibilité de critiquer un État et sa politique. « Ce texte est une faute, tonne le député PCF Jean-Paul Lecoq. Il n'est pas possible qu'il y ait un seul État dans le monde dont la politique ne puisse être critiquée. Paradoxalement, cela contribue à faire d'Israël un État d'exception et donc à l'isoler. » La « loi Yadan » a été cosignée par 90 députés, dont 75 de la majorité (l'ex-ministre Aurore Bergé figure parmi les premiers paraphes) mais aussi 5 socialistes, dont Jérôme Guedj et François Hollande.

De quoi alimenter les tensions au sein du Nouveau Front populaire, le texte étant explicitement pensé par son autrice comme une attaque contre la France insoumise, qui « fait justement partie intégrante du problème par sa légitimation de la haine des juifs dans notre pays sous couvert d'antisionisme ».

À noter que ce n'est pas la première tentative de bâillonner les soutiens à la Palestine. En 2019, un autre député macroniste, Sylvain Maillard, avait tenté de faire adopter un texte pénalisant l'antisionisme au même titre que l'antisémitisme, mais celui-ci avait été transformé en résolution non contraignante.

[–] MyAstus@jlai.lu 9 points 1 month ago* (last edited 1 month ago) (1 children)

Intéressant. Ça rejoins l'idee que globalement ce ne sont pas les voitures qui permettent d'aller travailler, c'est le fait de travailler qui permet d'avoir des voitures.

Si demain on supprime purement et simplement les voitures individuelles on "économise" environ 2 jours et demi de boulot par semaine simplement en se passant des postes de gardiens de parkings, assureurs, designeurs, médecins, métiers du bâtiments, ... Les métiers du transport de carburant aussi finalement.

[–] MyAstus@jlai.lu 7 points 1 month ago (5 children)

Donc on va chercher 2 milliards d'euros chez les riches et 58 chez les pauvres. Ça semble équitable en effet.

[–] MyAstus@jlai.lu 3 points 1 month ago

J'imagine que :

Il ne peut plus avoir l'étiquette fi lors d'une élection. Il est radié des site de communications fi

Et puis au niveau local j'imagine que les gens le déteste.

[–] MyAstus@jlai.lu 2 points 1 month ago

Oui ça doit se faire dans les deux sens effectivement

[–] MyAstus@jlai.lu 3 points 1 month ago (1 children)

Il faut croire qu'aucun des accusés ne se nomme Jean-Francois ou Éric

"Donnez-moi une seule victime qui a été violée par un Jean-François ou par un Éric. C’est toujours dans ce sens !" crie la manifestante.

[–] MyAstus@jlai.lu 3 points 1 month ago* (last edited 1 month ago)

Les tickets resto ont reçu un cadre législatif en 1967 après des mois années de lobbying.

Ils n'ont jamais eu pour but de aider les gens mais seulement de les attirer et de les faire dépenser des sous dans les restaurants.

Et dans ton commentaires : non ça ne bénéficie pas aux salariés puisque les cotisations c'est du salaire différé.

[–] MyAstus@jlai.lu 1 points 1 month ago

Triste que avoir un gouvernement qui ne soit pas raciste soit de la science fiction...

[–] MyAstus@jlai.lu 2 points 1 month ago* (last edited 1 month ago) (2 children)

Libé être comme : il faut que le gouvernement soit raciste mais de manière plus ciblé.

Mais oui, si tout les opposants politiques sont fichés s, c'est plus facile de faire discréditer les opposants politique. C'est la même chose ici

[–] MyAstus@jlai.lu 2 points 1 month ago* (last edited 1 month ago)

Aucun signe religieux ostentatoire : je confirme que les bombes sont bien laïques et donc conformes a la loi francaise concernant l'intégrité de la république.

Source : https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/nikki-haley-photographiee-en-ecrivant-achevez-les-sur-un-obus-israelien

[–] MyAstus@jlai.lu 0 points 1 month ago (4 children)

Dans un principe de laïcité je te demanderais de bien vouloir ne pas mentionner le fait que tu as des origines arabes.

Tu aurais été chrétien ça aurait été différent.

 

Vidéo intéressante d'une sociologue que je ne conaissait pas. Quelque uns de ses livres pour les personnes intéressés :

Le torticolis de l'autruche : l'éternelle modernisation des entreprises françaises

La Comédie humaine du travail

L'Insoutenable subordination des salariés

On trouve sur internet certaines de ses interventions en liens avec ses livres si vous voulez éviter de les lire.

 
 

En reponse a l'article partage hier par @Syl@jlai.lu.

Pour avoir egalement le point de vu de celles et ceux qui ont fait la demarche inverse (car oui, ces personnes sont moins nombreuses et pas interviewees par france 2, mais elles existent).

 

Extrait de "Les aventures de la marchandise" d'Anselm Jappe pris sur le site : http://www.palim-psao.fr/article-le-travail-est-une-categorie-capitaliste-114860222.html :

Toute notre argumentation nous pousse à mettre en discussion non seulement le « travail abstrait », mais aussi le travail en tant que tel. Ici le bon sens se révoltera : comment pourrait-on vivre sans travailler ? Toutefois, c’est seulement en identifiant le « travail » au métabolisme avec la nature qu’on peut présenter le travail comme une catégorie suprahistorique et éternelle. Mais il s’agit alors d’une tautologie. D’un principe tellement général, on peut déduire aussi peu que du principe que l’homme doit manger pour vivre.

Le « travail » est lui-même un phénomène historique. Au sens strict, il n’existe que là où existent le travail abstrait et la valeur [dans la formation sociale capitaliste qui naît à partir du XIVème et XVème siècles]. Non seulement au niveau logique, mais aussi par rapport au travail, « concret » et « abstrait » sont des expressions qui renvoient l’une à l’autre et qui ne peuvent pas exister indépendamment l’une de l’autre. Il est donc très important de souligner que notre critique touche le concept de « travail » en tant que tel, pas seulement le « travail abstrait ». On ne peut pas simplement opposer entre eux le travail abstrait et le travail concret, et encore moins comme étant le « mal » et le « bien ». Le concept de travail concret est lui-même une abstraction, parce qu’on y sépare, dans l’espace et dans le temps, une certaine forme d’activité du champ entier des activités humaines : la consommation, le jeu et l’amusement, le rituel, la participation aux affaires communes, etc. Un homme de l’époque précapitaliste n’aurait jamais idée de placer au même niveau de l’être, en tant que « travail » humain, la fabrication d’un pain, l’exécution d’un morceau de musique, la direction d’une campagne militaire, la découverte d’une figure géométrique et la préparation d’un repas.

La catégorie de travail n’est pas ontologique, mais existe seulement là où existe l’argent comme forme habituelle de médiation sociale. Mais si la définition capitaliste du travail fait abstraction de tout contenu, cela ne signifie pas que toute activité, dans le mode de production capitaliste, est considéré comme du « travail » : seulement celle qui produit de la valeur et se traduit en argent. Le travail des ménagères, par exemple, n’est pas du « travail » au sens capitaliste.

Le travail en tant qu’activité séparée des autres sphères est déjà une forme de travail abstrait ; le travail abstrait au sens étroit est donc une abstraction de deuxième degré. Comme l’écrit Norbert Trenkle :

« Si le travail abstrait est l’abstraction d’une abstraction, le travail concret n’est que le paradoxe du côté concret d’une abstraction (l’abstraction formelle du ‘‘travail’’). Ce travail est concret seulement dans un sens très borné et étroit : les marchandises différentes exigent des procès de production matériellement différents ».

Cependant, l’idée de devoir « libérer » le travail de ses chaînes a comporté logiquement de considérer le travail « concret » comme le « pôle positif » qui dans la société capitaliste est violé par le travail abstrait. Mais le travail concret n’existe dans cette société que comme porteur, comme base du travail abstrait, et non comme son contraire. Le concept de « travail concret » est également une fiction : il n’existe réellement qu’une multitude d’activités concrètes. Le même discours est vrai en ce qui concerne la valeur d’usage : elle est liée à la valeur comme un pôle magnétique à l’autre. Elle ne pourrait pas subsister seule ; elle ne représente donc pas le côté « bon », ou « naturel », de la marchandise, qu’on pourrait opposer au côté « mauvais », abstrait, artificiel, extérieur. Ces deux côtés sont liés l’un à l’autre de la même manière que, par exemple, le sont le capital et le travail salarié, et ils ne peuvent disparaître qu’ensemble. Le fait d’avoir une « valeur d’usage » n’exprime que la capacité – abstraite – de satisfaire un besoin quelconque. Selon Marx, la valeur d’usage devient un « chaos abstrait » dès qu’elle sort de la sphère séparée de l’économie. Le véritable contraire de la valeur n’est pas la valeur d’usage, mais la totalité concrète de tous les objets.

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submitted 1 year ago* (last edited 1 year ago) by MyAstus@jlai.lu to c/antitaff@jlai.lu
 

Peut etre un peu tard, j'aurais du re-poster ca ici plus tot cet ete :)

Article de monde diplomatique : https://www.monde-diplomatique.fr/2017/08/BREVILLE/57768 (il y a une version audio sur le site)

Article de Benoît Bréville

L'article est principalement axé sur les dégâts environnementaux de la clim mais voici la partie sur le travail :

Ce n'est que dans les années 60 que la clim s'installe dans les foyers américains [...].

Quand il fit son apparition, au début du XXe siècle, l’air conditionné ne visait pas le confort des humains, mais la préservation des marchandises. Contrariée de ne pas pouvoir imprimer et stocker son papier en raison des fortes chaleurs, une imprimerie new-yorkaise commande à l’ingénieur Willis Carrier un appareil capable de contrôler l’humidité et la température ambiantes. La machine, qui fait passer de l’air par des tubes contenant un frigorigène, est prête en 1902. Elle rencontre un succès immédiat. Textile, tabac, pâtes alimentaires, chewing-gums, farine, chocolat : en moins de dix ans, toutes les industries dont la production souffre des fluctuations thermiques se convertissent à la climatisation.

Conséquence heureuse, les ouvriers apprécient cet air frais. « La production est maintenue à son maximum et les travailleurs, au lieu d’être difficiles à trouver, cherchent à être embauchés dans une usine équipée par la société Carrier », vante, en 1921, une publicité de l’entreprise, qui vient de délocaliser une partie de ses activités au Mexique. Huit ans plus tard, une autre réclame précise : dans les usines climatisées, « l’air plus sain et agréable a attiré les travailleurs les plus désirables et quasi éliminé les conflits sociaux » (5). Mais le confort des salariés intéresse moins que leur rendement. En période de canicule, constatent les contremaîtres, les ouvriers perdent en productivité, les cadences ralentissent, l’absentéisme augmente ; il faut parfois octroyer des pauses supplémentaires, commencer l’activité plus tôt ou même interrompre la production.

Or l’heure est au taylorisme et à la rationalisation. Les employeurs se mettent à mesurer la température susceptible d’assurer la meilleure efficacité. Le gouvernement fédéral effectue lui aussi des tests et établit que ses dactylographes perdent 24 % de productivité quand on les prive de climatisation en été (6). « Pourquoi les meilleures inventions et les progrès scientifiques et industriels viennent-ils des zones tempérées ? », interroge une publicité de Carrier montrant un personnage à la peau tannée, affalé sur le sol, le visage couvert d’un sombrero. « Parce que, pendant des siècles, la chaleur tropicale a dépouillé les hommes de leur énergie et de leurs ambitions. Il n’y avait pas d’air conditionné. Donc ils faisaient des siestes. » Le titre précise : « Température 102 °F [39 °C], production 0 » (7). Ainsi la climatisation séduit-elle un nombre toujours croissant de bureaux, d’usines, d’administrations.

(5) Gail Cooper, Air-Conditioning America. Engineers and the Controlled Environment, 1900-1960, The Johns Hopkins University Press, Baltimore, 1998.

(6) Gail Cooper, Air-Conditioning America, op. cit.

(7) Marsha E. Ackermann, Cool Comfort. America’s Romance with Air-Conditioning, Smithsonian Institution Press, Washington, DC, 2002.


C'est un extrait, mais le reste le l'article est intéressant aussi.

EDIT : Zut, la premiere fois que j'avais fait ce poste sur reddit, ca devait etre a un moment ou cette article du diplo devait etre gratuit a la lecture, je viens de voir qu'il y a maintenant un paywall. PDF dispo ici

 

Bonjour, voici une petite news concernant notre gouvernement et ses alliés de droite.

Comme chaque année, l'Assemblée doit voter le PLFSS (Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale), et pour résumer, celui de 2024 vise les salarié·e·s en arrêt maladie en prévoyant l'intervention de medecins-flics pour vérifier la validité de ces arrêts, mais également en réduisant les indemnités des victimes d'accidents du travail.

  • D'une part, cette loi permet aux entreprises de payer des médecins pour rendre visite aux personnes en arrêt maladie et vérifier si celui-ci n'est pas "injustifié" (sur quels critères ? On ne sait pas, d'autant plus que l'arrêt aura déjà été validé par un médecin). Dans ce cas, l'employeur pourrait mettre fin à l'arrêt maladie et contraindre le salarié à reprendre le travail en suspendant ses indemnités.

  • Deuxièmement, cette loi aborde les fautes inexcusables (lorsqu'un employeur n'a pas assuré une sécurité adéquate à son employé·e, entraînant ainsi un accident du travail). Un forfait sera versé par l'etat à l'employeur pour contribuer à couvrir une partie des indemnités, et la rente alloue au salarié·e·s apres invalidité sera désormais majorée. Par conséquent, il y aura donc moins de sanctions à l'encontre des employeurs qui mettent leurs salarié·e·s en danger et donc plus d'employeurs qui le feront.

De joyeuses choses qui passeront en 49.3 et qui, j'en suis sur, raviront tout le monde ici.

Sources :

https://twitter.com/fdesriaux/status/1708835909066428872

https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b1682_projet-loi.pdf - Article 27 pour "garantir la soutenabilité de notre modèle social" et 39 pour "moderniser l’indemnisation d’accident du travail ou de maladie professionnelle".

 

RSA : l’Assemblée adopte une vieille marotte de la droite

La majorité et la droite Les Républicains ont fait passer, à trois voix près, l’une des mesures les plus contestées de la réforme du RSA, avec 15 heures d’activités obligatoires pour les bénéficiaires. La gauche dénonce une loi qui aura pour seul effet de radier les allocataires.

Pauline Graulle et Cécile Hautefeuille - 29 septembre 2023 à 09h25


Un hémicycle presque vide et une indifférence médiatique quasi générale. C’est dans ce contexte que l’Assemblée nationale a voté, jeudi 28 septembre en fin d’après-midi, l’article 2 du projet de loi « pour le plein emploi » instaurant quinze heures d’activités obligatoires pour les allocataires du RSA. La gauche, clairsemée sur ses bancs, a échoué, à trois voix près, à le faire tomber, en dépit de l’offensive du député Arthur Delaporte, seul socialiste présent au moment du scrutin.

« C’est un regret, on pensait que le vote aurait lieu plus tard dans la soirée, ça nous rappelle qu’il faut une présence quasi permanente », a commenté, pendant l’interruption de séance, l’élu insoumis Éric Coquerel.

Toute la journée, l’amendement du député Les Républicains (LR), Philippe Juvin, instaurant les quinze heures d’activités obligatoires, a occupé les discussions dans l’hémicycle, sous l’œil bienveillant d’Olivier Dussopt, lequel n’est sorti de son mutisme que pour indiquer qu’il émettait un avis défavorable à tous les amendements de la gauche.

En juillet, alors que le groupe de Bruno Retailleau avait ajouté la mesure dans le texte lors de son examen au Sénat, le ministre du travail expliquait pourtant de manière limpide les raisons pour lesquelles il ne voulait pas voir cette obligation inscrite dans son projet. « Si nous écrivons dans la loi quinze heures minimum, que se passe-t-il s’il n’y a pas la possibilité d’offrir quinze heures [d’activité – ndlr] qui soient véritablement adaptées au parcours des personnes ? La seconde raison, [c’est que] pour certains allocataires [les plus éloignés de l’emploi – ndlr], la marche de 15 heures d’activité peut parfois sembler difficilement accessible du premier coup », arguait-il, pragmatique, dans l’hémicycle du palais du Luxembourg.

Une vieille idée de droite


Deux mois plus tard, la nécessité d’obtenir les voix de LR l’a manifestement emporté sur toute autre considération. La totalité du groupe Renaissance a ainsi voté l’amendement de Philippe Juvin. Et Éric Ciotti, le patron du parti Les Républicains, de crier victoire sur le réseau social X (anciennement Twitter) en se réjouissant que « les bénéficiaires des aides sociales [aient] aussi des devoirs ».

La droite peut se satisfaire : elle porte depuis des années l’idée d’un RSA assorti d’obligations. Nicolas Sarkozy en défendait le principe dès 2015 et c’est une ex-LR, Brigitte Klinkert – aujourd’hui députée Renaissance –, qui a instauré en 2016 le RSA conditionné à sept heures de travail bénévole dans le Haut-Rhin.

La proposition a ressurgi en 2022, en pleine campagne présidentielle, formulée par la candidate de la droite Valérie Pécresse et rapidement copiée par un certain… Emmanuel Macron. La promesse était claire : réformer le RSA en obligeant ses bénéficiaires à consacrer « 15 à 20 heures par semaine à une activité permettant d’aller vers l’insertion ». Le tout au nom d’une prétendue « dignité » des bénéficiaires.

« Les 15 à 20 heures ne seront pas inscrites dans la loi. Il s’agit d’un objectif », jurait pourtant Olivier Dussopt au mois de mai dernier. Le « deal » avec la droite et l’engagement du candidat Macron auront, sans surprise, eu raison de cette promesse.

Une réforme inapplicable


Derrière les déclarations triomphales d’une droite toujours prompte à reprendre l’antienne de « l’assistanat » et la satisfaction affichée d’un gouvernement désireux de « remettre les Français au travail », il y a néanmoins loin de la coupe aux lèvres. Seize ans après la création du RSA par Martin Hirsch – une réforme déjà censée favoriser le retour à l’emploi des allocataires du RMI –, la nouvelle mouture du RSA concoctée par le gouvernement Borne a en effet toutes les chances de connaître le même échec.

Non seulement l’amendement de Philippe Juvin a assoupli celui de la droite sénatoriale en lui accolant bon nombre de dérogations en cas de maladie, de handicap ou d’enfant à charge (encore très floue, la liste des personnes exemptées sera fixée plus tard par décret). Mais la mesure se heurte surtout au manque d’ores et déjà criant de professionnels – assistantes sociales, conseillers Pôle emploi, etc. – indispensables à son application.

« Le problème, c’est que pour remettre les gens au travail, il faut des mesures d’accompagnement individuel et cela requiert d’importants moyens. Or dans le projet de loi, il y a zéro argent », reconnaît lui-même Philippe Juvin, qui jure que son groupe déposera des amendements pour financer sa mesure dans le futur projet de loi de finances. Des amendements qui n’ont eux-mêmes aucune chance d’être conservés dans le prochain budget marqué par l’austérité qui vient d’être présenté par Bercy et que le gouvernement compte, une nouvelle fois, faire adopter par 49-3.

D’ailleurs, si le budget 2024 du ministère du travail est en hausse de 1,7 milliard d’euros pour permettre le financement de France Travail, il ne prévoit pas d’embauches massives pour assurer les nouvelles missions de l’agence. Seuls « 300 emplois temps plein » sont prévus par le ministère pour gérer « l’accompagnement renforcé » promis et le flux des nouvelles et nouveaux inscrits.

De petits moyens pour un projet de loi qui voit grand : il entend rendre obligatoire l’inscription au chômage « de toutes les personnes en recherche d’emploi ou rencontrant des difficultés sociales et professionnelles d’insertion ». Pour les bénéficiaires du RSA, l’inscription sera « automatique » dès leur demande d’attribution du revenu de solidarité active. Aujourd’hui, quatre millions de personnes perçoivent le RSA, dont 40 % pointent à Pôle emploi.

À lire aussi

De quoi renforcer les craintes de la gauche qui, depuis le début de l’examen du projet de loi au palais Bourbon, lundi, dénonce « l’absurdité » et « l’enfumage » du nouveau « pacte d’engagement » élaboré par le gouvernement Borne. « On n’est pas contre l’accompagnement vers l’emploi des allocataires, mais si le gouvernement voulait vraiment le faire, il faudrait un conseiller pour 50 ou 60 allocataires, ce qui coûterait 10 milliards d’euros », affirme ainsi le député PS Arthur Delaporte qui estime que « l’argent de l’insertion, ils ne l’auront jamais ! ».

La sanction conduit au non-recours


Ce dernier n’a d’ailleurs eu cesse, en début de semaine, d’interpeller le ministre du travail pour disposer de données statistiques concernant les radiations du RSA et leurs conséquences, recueillant pour seule réponse que ces relevés n’existent pas. Or, un document de la Caisse nationale d’allocations familiales a été obtenu par le socialiste Jérôme Guedj, le même qui avait mis Olivier Dussopt KO debout sur le mythe des pensions à 1 200 euros pendant le débat sur la réforme des retraites.

Ce document, consulté par Libération, révèle que « la sanction semble avoir un impact sur le droit au RSA à moyen terme », entraînant « fréquemment une sortie du droit ». Dit autrement : sanctionner les bénéficiaires du RSA ne « remobilise » pas ces derniers, mais les décourage de réclamer leur droit. « Ce que produit la sanction, c’est du non-recours, de l’extrême pauvreté », avertit Arthur Delaporte.

Toute la journée, et jusque tard dans la soirée lors de laquelle était discuté le chapitre 3 du texte portant sur les sanctions, les députés de la Nupes ont tenté de faire apparaître la dimension purement coercitive du projet de loi. Voire de repousser les assauts de la droite, soutenus par la majorité présidentielle, pour durcir davantage le volet des sanctions. « Ce projet n’étant pas financé, vous venez d’inventer le service public de la radiation, pas le service public de l’insertion », a résumé le patron des députés socialistes, Boris Vallaud.

Le communiste Pierre Dharréville a lui aussi contesté la philosophie du texte, consistant à « radier à grande échelle » les demandeurs d’emploi. Quant à l’Insoumis Hadrien Clouet, il a fait le parallèle avec la stratégie et la rhétorique des réformes Hartz IV adoptées en Allemagne entre 2003 et 2005, qui ont contribué à l’explosion de la pauvreté.

Dans les prochains jours, doit être également discutée la seconde partie de la loi, qui vise à renommer Pôle emploi en France Travail. Dans l’hémicycle, Hadrien Clouet a déposé un amendement pour lui préférer le nom de « France Travail gratuit ». Il a été rejeté.

Pauline Graulle et Cécile Hautefeuille


Depuis le 7 janvier 2023 notre confrère et ami Mortaza Behboudi est emprisonné en Afghanistan, dans les prisons talibanes.

Nous ne l’oublions pas et réclamons sa libération.

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